J.-P.V. Revenons à toi.Tout ce temps absorbé, sans compter celui pris par l’enseignement et les pouponnages, c’est du temps perdu pour ton oeuvre personnelle ?
A.B. Peut-être, si on peut parler d’oeuvre personnelle, mais de toute façon c’est un choix vers lequel le plaisir des rencontres, des découvertes, des échanges, des amitiés (et des archives) m’entraîna sans regret. D’autant qu’il restait quand même des moments d’assoupissement pour donner un peu d’exercice à ma plume et à ma muse, alliée sinon zélée (jeu de mots).
Je n’étais pas en cage, bien au contraire, et mon facteur n’était pas un geôlier. Mais le mot « liberté », un peu trop suffisant il est vrai, fut et est, pour Pol Bury comme pour moi, notre meilleure sucette. Liberté d’esprit en toute liberté. Nous avons toujours tourné le dos aux chapelles. Avec le besoin d’en rire (ironie, mon beau navire !) plutôt que d’en crier. Sans négliger la désinvolture d’usage.
Jean-Pierre Verheggen / André Balthazar
Quarante balais et quelques, 1998
Du principe d’écriture cher à André Balthazar et de l’idée d’ornements chère à Pierre Alechinsky se dégage une belle et illustre ration d’imagerie issue des archives du Centre Daily-Bul & C° : des graphismes originaux réalisés sur des supports en vue de la fabrication des éditions, depuis 1963 avec la parution de La Personne du singulier jusqu’à la récente publication du Temps éparpillé.
Des calques, des Kodatraces, des croquis, des impressions à servir les réalisations des hommes de l’encre et du papier, propices par leurs savoir-faire à multiplier les tirages limités et numérotés : Pierre Alechinsky, Julius Baltazar, André Balthazar, Roland Breucker, Pol Bury, Achille Campenaire, Jean Clerté, Henri Cueco, Camille De Taeye, Jean-Michel Folon, Bertrand Gobbaerts, Maurice Henry, Marcel Mariën, Petr Poš, Antonio Segui, Germain Van der Steen, Jan Voss, Robert Willems...
Mots et images empruntent et se partagent les ruelles de la création. Maquettes, épreuves, corrections, correspondances et impressions définitives, les dessous par-dessus des éditions Le Daily-Bul.
À partir de la revue Daily-Bul n° 10 intitulée Essai d’analyse stéthoscopique du Continent belge (1964), le visiteur voyage entre des pages agrandies de la revue (2,50 m x 1,50 m) et est guidé par des tablettes numériques qui lui permettent de parcourir les étendues du Continent belge, du Manneken-Pis à l’anatomie de la frite en passant par des représentations congrues et incongrues de la Belgique et de la famille royale…
Au gré des textes et des oeuvres de Pierre Alechinsky, Pol Bury, André Balthazar, Michel Seuphor, Gabriel et Marcel Piqueray, Ernest Pirotte, Achille Campenaire, Lourdes Castro, Robert Filliou, Jan Voss, Gianni Bertini, Christian Dotremont, Jean Raine, Maurice Henry, Daniel Spoerri, Gaston Chaissac, François Dufrêne, Noël Arnaud, Lise Prunel, André Martel, Reinhoud, François Caradec, Pierre Restany, Gilbert Thuriaux… mais aussi Apollinaire et Hugo ! Le tout émaillé de slogans bul, disposés çà et là, tels « Sois Belge et tais-toi », « Soyez Belge envers les animaux »…
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Lors du Vernissage, l'ensemble vocal C'est des Canailles s'est emparé de la scène quelques instants afin de livrer un concert un brin impertinent.
De la cinétisation de la ligne droite à la cinétisation des gratte-ciel, il n’y a qu’un changement d’image. (…) Apparemment, cette intervention dans l’image pourrait apparaître comme un désir menaçant de détruire alors qu’il n’y faut voir qu’un souhait de donner un air de liberté à ce qui se veut immuable.
Pol Bury, Le destin d’une ligne droite.
A cette occasion sera inaugurée l’installation de cinq sculptures en bronze de Pol Bury dans le jardin du Centre Daily-Bul & C° (avec l’aimable autorisation de Velma Bury et de la Fondation Folon).
]]>Monsieur Breucker est une fine plume, comme certains oiseaux (rares) en portent derrière (voir paons) ou sur la queue (voir sel). Monsieur Breucker taille le bout de sa plume en biseau pour mieux saisir au vol, même après mûre réflexion (laissons le singulier qui convient à ses profils) le trait qui mord et le noir d’encre qui n’est pas sans venin. Encre à « pètures » qui parfois tamisent de fin brouillard ses blancs trop crus et prêtent une sorte de douceur à ses acides. C’est ainsi que se protège le céphalopode timide que Monsieur Breucker cache dans de grandes eaux
André Balthazar.
Jacques Richez a exercé le métier de graphiste en Belgique et fut le grand ami de Pol Bury, des Balthazar et du Daily-Bul. Il est l’auteur de logos devenus familiers (Province de Hainaut, CHU de Tivoli à La Louvière, Générale de Banque…). On lui doit d’innombrables affiches, dont celle de l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958, ou d’autres réalisées pour le théâtre (Shakespeare, Molière, Bataille, Beckett…). Jacques Richez s’exprimait aussi plus librement, comme dans ses colour traps, ou dans un livre de photomontages, « Ricordo di Carrara », édité
au Daily-Bul en 1979.
Jacques Richez fut l’ami, le grand ami de Pol Bury
et des Balthazar, et par voie de conséquence
du Daily-Bul dont il appréciait le bouillon d’impertinences et d’humour (parfois poétique). Il y trouvait et appréciait une rigueur assez bien camouflée sous une enveloppe de désinvolture calculée. Il semblait s’y retrouver à l’aise, lui le sévère défenseur de l’image porteuse, l’accusateur véhément ou désabusé de certains shérifs et ignorantins de la culture.
Sa forte moustache pouvait frissonner, s’aiguiser,
s’attendrir. Dans ses affiches, ses photo-montages,
nous appréciions son humour sage ou féroce,
réfléchi et insolite. Théâtre en deux dimensions
au centre des sujets traités, interrogateur sans à priori.
Et ses logos nous le rappelaient à bien des coins
de rues.
Petite médaille sur son veston de tweed, les initiales
J.R. qu’il utilisait avec pudeur et discrétion dans
de nombreux textes théoriques souvent durs, comme pour rejoindre par l’alphabet l’image d’un personnage inquiétant, héros sulfureux de la télévision du temps.
Cher Jacques Richez, tendre filou.
André Balthazar / 2010
« Graphistes sér. ch. clients ayant du talent. » (J.R.)
]]>Accrochage qui rassemble des images de Faits divers puisées principalement dans les suppléments hebdomadaires des journaux et périodiques de la fin du XIXe siècle.
(Le Petit Journal, Le Petit Parisien, L’Intransigeant, La Croix illustrée…).
Sa biographie.
Sa première exposition date de 1959 avec de petits croquis faussement maladroits mais surprenants, déjà tous violents, sadiques, sanglants et choquants. En 1961, adoubé par Pol BURY, il fréquente le Daily-Bul et collabore à Hara Kiri.
« La Princesse Angine », un des livres essentiels que TOPOR ait écrit, paraît dans l’indifférence générale en 1967. Pourtant, à 35 ans, on peut dire qu’il a « réussi » alors qu’il est peu maniable, intransigeant, jamais d’accord pour mettre de l’eau trouble dans son vin. Dès le moment où les films « Les Escargots » (en 1966) et surtout « La Planète sauvage » (en 1973) paraissent avec les dessins animés par LALOUX, c’est une explosion d’expositions planétaires pour l’artiste : New York, Chicago, Paris, Varsovie, Anvers, Zurich, Madrid, Tokyo, Amsterdam. En 1975, « Les Mémoires d’un vieux con » publiées chez Balhand auront une certaine audience.
Après son décès à Paris en 1997, après qu’il fut promu satrape du Collège de Pataphysique en 2001, le Daily-Bul & C° a souhaité lui rendre hommage, ici à La Louvière, qu’il connut mieux que beaucoup ne le croient avec la complicité d’André et Jacqueline BALTHAZAR.
TOPOR est un homme orchestre, un feu d’artifice d’idées qui explosent dans tous les sens, crépitant, encombrant, divertissant, effrayant. Sa fraîcheur d’invention fascinante, jamais à sec, une puissance et une facilité de travail surprenante, font de lui une formidable machine à créer le Centre Daily-Bul & C° devait rendre hommage.
(Extrait du discours de Pierre Dupont prononcé au vernissage)