Deuxième époque (1972-1982)]]> Avant-propos de Roger Verheyen
Dédicace de l'auteur à Luc Rémy
Prix Charles Plisnier 1993]]>

Vingt ans après, le hors venu s'en horvient pour nous faire connaître la suite de ses histoires extraor­dinaires. Bien qu'il ait quitté le costume Daily-Bul Collection « Poquettes volantes » (celui qu'il portait de 1968 à 1972) et endossé le complet grège de L'Arbre à Paroles, ses boules d'aventures soigneuse­ment alignées, de 72 à 82 puis de 82 à 92, continuent de rouler depuis l'espace exigu des chaumières jusqu'au nimbe bleuté des plus hauts mondes.

Une centaine de petits poèmes en prose oc­cupent le creux des pages où s'imprègne, par d'habiles combinaisons, le tremblement de l'être qui se découvre vivant dans l'uni­vers — doté de sens et doué de raison — et ne cesse de s'en étonner. Toutes sortes de chimies, éthers déliant les langues, amphi­théâtres de poussière ou souvenirs d'en­fance, sont capables de mettre en branle les mécanismes de son esprit curieux.



Claude HAUMONT
Trom
le Daily-Bul
1994.
Aucun objet ne se dérobe aux investigations du hors venu, puisque tous, a priori, sont habi­tés. Une foule de fantômes traversent les sphères célestes comme les putrescibles tis­sus humains. Chaque chose, chaque sensa­tion ou sentiment possède un au-delà, du­quel il est toujours jouissif et effrayant de s'approcher. Et qui est mieux bâti pour éprouver ces sortilèges que celui d'ici et d'ailleurs, l'étranger et le familier des lieux, celui venu hors, c'est-à-dire « de l'autre côté du vent », sachant s'exclure pour mieux re­garder avec les yeux de sa conscience ? Les textes de Claude Haumont prennent l'allure, tantôt de petits contes philoso­phiques où, subtilement, se déclinent, du très petit au très grand, de l'exceptionnel au quotidien, les conditions et les modes de connaissance de l'homme dans l'univers, tantôt de fables secouées d'une sorte d'élan mystique et semblant se construire, non sans humour, autour de gnoses aux profils flous, dont il appartient à chaque lecteur héliotrope de tirer l'enseignement. Mais ils ressemblent aussi à une suite de condensés romanesques dont les situations pourraient être développées, ou à un écheveau de cita­tions difficilement démêlable. Toujours en quête et vibratile, le hors venu trébuchera pourtant parfois, circonscrivant là un petit drame ontologique, sur la clô­ture des objets (« brimborions, broutilles, babioles, abolis bibelots et autres bulles ») ou constatera leur aphasie. Bien qu'impuis­sant à se détacher de « cette vie-là », si peu réelle, il ne pourra pas oublier non plus l'écoulement de la clepsydre, ni la proche extinction de la torche, consacrant la fin de ses aventures. Les mots sont trompeurs, les fruits ne passent pas la promesse des fleurs de l'enfance, il n'y a pas de terme satisfaisant. Imaginerait-on aisément forme plus adé­quate à transmettre les vies du hors venu que ces textes courts, fermement ciselés, res­serrements d'infini, totalités espiègles, nar­quoises, où les mots s'associent pour créer le plus possible de surprises ? Et ne pas avouer le privilège de leurs chutes innombrables ? Une vingtaine de vrais éclats de rire.

Françoise Delmez]]>
Haumont, Claude]]> L'arbre à paroles]]> Les éditions du Noroît Montreal]]> Verheyen, Roger]]> Ouvrage imprimé]]>
Haumont, Claude]]> Claude Haumont]]> Ouvrage imprimé]]>
Claude Haumont, `Propos inconséquents sur le bleu dans les sciences et leurs alentours´. Ed. Tandem, 109 pp.

© La Libre Belgique 2002]]>
Haumont, Claude]]> Editions Tandem]]> Ouvrage imprimé]]>
Foulon, Pierre-Jean]]> Haumont, Claude]]> Marabout]]> Ouvrage imprimé]]> Haumont, Claude]]> l'arbre à paroles]]> Ouvrage imprimé]]>
« Cet enfant que j'étais qui donc me le rendra ?

Que je le serre comme une brassée d'herbe dans mes bras. »

René-Guy CADOU (Hélène ou le Règne végétal)

Né quelques années à peine avant le début de « la drôle de guerre », Claude Haumont passa le plus clair de son enfance et de son adolescence dans le Borinage et le pays de Charleroi. Entre 1955 et 1961 (soit de dix-neuf à vingt-cinq ans), il suivit en quelque sorte cette piste, autant zen que proustienne, pro­posée par Jean Follain, « la moindre fêlure d'une vitre ou d'un bol peut ramener la féli­cité d'un grand souvenir », pour composer une vingtaine de courts textes à travers les­quels se lisent, comme en filigrane, impres­sions heureuses ou instants terrifiants de ses tendres années, fragments rassemblés ici sous ce titre à double sens : « De bonne heure ». À ceux-ci, entre 1993 et 1995, il se prit à en adjoindre un certain nombre d'autres (intitulés simplement « Ajouts »), l'ensemble formant la première partie de ce recueil. Voici les senteurs familières, celle du linge amidonné ou d'une infusion d'eu­calyptus, le goût de la pomme sure ou des bonbons acidulés, un chat frottant son poil tiède contre des jambes nues, les baisers mouillés qu'on efface prestement de ses joues, quelque remémoration déterminante, la sombre citerne et le rouge fourneau, « un mineur, aux yeux mauresques, (qui) s'assied sur le pas de sa porte et bourre avec une at­tention gourmande sa vieille pipe de meri­sier ; sous la flamme de l'allumette, le tabac d'Obourg, noir et crépu, gonfle en grésillant dans le fourneau culotté ; alors l'en­fant abandonne ses jeux pour respirer la fumée enivrante ; des anneaux gris-bleu montent parfois dans l'air tiède et léger qui les déforme à peine, mais savamment ». Voilà l'horreur de la guerre et ses images gravées, « une vieille femme sans visage (qui) se jette en hurlant dans les bras d'un parachutiste allemand, en l'appelant « gen­darme », au milieu des balles traçantes et des moissons de feu». Une seconde partie (« De l'autre côté de l'eau ») rassemble d'autres proses brèves, de dates diverses, dédiées par l'auteur à la mémoire de son défunt père, Hector Hau­mont, ingénieur des mines et néanmoins poète. Elle s'ouvre sur deux aimables textes de ce dernier, précédés de cette phrase de Wystan Hugh Auden : « La fêlure dans la tasse de thé est un chemin qui mène au pays des morts. » En exergue de cette ving­taine d'autres exercices mnémoniques, la célèbre phrase de Murnau (dans Nosferatu le vampire), « Quand il fut de l'autre côté du pont, les fantômes vinrent à sa ren­contre », ne laisse point de doute quant au tour plus grave que vont prendre les lignes qu'on va lire. Et la Camarde omniprésente, s'y rit d'ailleurs de bon cœur de nos fragiles destins...

André Stas]]>
Haumont, Claude]]> Maison de la poésie d'Amay]]> Ouvrage imprimé]]>
Haumont, Claude]]> Maison de la Poésie d'Amay]]> Ouvrage imprimé]]> Haumont, Claude]]> Marabout ]]> Salémi, Jean-Claude]]> Philippi, Nicole]]> Ouvrage imprimé]]> Haumont, Claude]]> Marabout Flash]]> Ouvrage imprimé]]> Haumont, Claude]]> Marabout Flash]]> Meys, Lucien]]> Lievens, Henry]]> Liégeois, Anne]]> Ouvrage Imprimé]]> Haumont, Claude]]> Dessin]]> Haumont, Claude]]> Peinture]]>
Selon mon dictionnaire, l'emporte-pièce est un outil servant à fabriquer, d'une seule pression et par découpe, des pièces de forme déterminée. L'expres­sion « à 1'emporte-pièce » signifie de ma­nière incisive, cassante ou sans nuance, d'un bloc.

Refermons le dictionnaire et constatons tout de suite l'énigme que propose Claude Haumont : de prime abord, rien, dans son recueil, n'explique clairement ce titre. Aussi, le lecteur ne me tiendra pas rigueur, je l'espère, de mes tentatives d'interpréta­tions.

Si le titre intrigue, on met toutefois du temps à s'en rendre compte. A l'inverse, il faut dire que, dès les premières lignes, le re­cueil subjugue : sont-ce des poèmes, des lettres, des dialogues, ou bien des souvenirs, des récits, des incantations ? Un peu tout cela à la fois et sans doute encore bien d'autres choses. Peu importe, il ne s'agit pas d'étiqueter mais de se laisser toucher par la vibration d'une parole. La première ligne ouvre une porte ; une porte dont nous ne savons rien sinon qu'elle donne directement sur l'écriture. La dernière ligne souhaite que les portes de l'Enfer demeurent fermées à jamais. Entre les deux, quelqu'un parle et cette parole voyage, mais pas innocemment, pas inutile­ment. Elle s'adresse à « Madame » et, tantôt l'apostrophe, tantôt la guide, l'interroge ou l'accompagne, la décrit. Madame a « choisi les gaines du quartz » quand l'auteur l'eût « aimée en cuir, en bottes et en lanières » ; Madame se laisse « fasciner par la mandragore », elle manifeste de la hâte, de l'impatience, de la folie, elle est cruelle, possède, au fond des yeux, une angoisse qu'elle ne partage ni avec ses amants ni avec ses anges. Madame hante les rêves, repasse les miroirs et devrait rester au plus profond de leur eau mais elle fait « si merveilleusement la belle ». Elle murmure à l'oreille « des contes à dormir debout » et pos­sède pour « le plus secret de sa peau », des re­changes à foison.

Qui donc est Madame ? L'amante, la mort, la vie elle-même ou la fatalité ? Une épouse de circonstance pour le poète, un reflet de soi-même à qui adresser quelques mots ? Une inquiétude ou une douceur ? Une fé­minité mythique qui aurait traversé la nuit des temps et poursuivrait son œuvre bien au-delà des mots échangés avec elle au­jourd'hui ? A nouveau, le lecteur devra se glisser dans l'univers de ces poèmes et se laisser gagner par leur énigme ou s'ingénier à trouver une réponse à ces interrogations que je laisse ouvertes.

On sait, depuis la parution de Trom, il y a bientôt vingt ans, combien l'inquiétude mé­taphysique est au centre des préoccupations et de l'écriture de Claude Haumont. J'ai usé déjà du mot « vibration » et je crois qu'il faut aborder ce recueil ainsi. Il n'y a ni question ni réponse définitives ; il n'y a que des cordes que nous puissions pincer et libre à chacun d'en apprécier la résonance. L'homme ne sait où il va mais au moins sait-il d'où il vient : la matrice n'est qu'une forme d'emporte-pièce. « Et fuis, quand même serions-nous objets rêvés, il reste l'aigrette des sens, plus étourdis­sante que [...] les élixirs et les poudres. »

Jack Keguenne]]>
Haumont, Claude]]> L'arbre à paroles]]> Ouvrage imprimé]]>
Haumont, Claude]]> L'arbre à paroles]]> Ouvrage imprimé]]> Haumont, Claude ]]> Le Daily-Bul]]> Ouvrage imprimé]]> FLRB-HAU-E-0 000 161 dédicace de l'auteur à Luc Rémy]]> Haumont, Claude ]]> Le Daily-Bul]]> Ouvrage imprimé]]> Le Hors venu.]]>
Vingt ans après, le hors venu s'en horvient pour nous faire connaître la suite de ses histoires extraor­dinaires. Bien qu'il ait quitté le costume Daily-Bul Collection « Poquettes volantes » (celui qu'il portait de 1968 à 1972) et endossé le complet grège de L'Arbre à Paroles, ses boules d'aventures soigneuse­ment alignées, de 72 à 82 puis de 82 à 92, continuent de rouler depuis l'espace exigu des chaumières jusqu'au nimbe bleuté des plus hauts mondes.

Une centaine de petits poèmes en prose oc­cupent le creux des pages où s'imprègne, par d'habiles combinaisons, le tremblement de l'être qui se découvre vivant dans l'uni­vers — doté de sens et doué de raison — et ne cesse de s'en étonner. Toutes sortes de chimies, éthers déliant les langues, amphi­théâtres de poussière ou souvenirs d'en­fance, sont capables de mettre en branle les mécanismes de son esprit curieux.
Françoise Delmez]]>
Haumont, Claude ]]> Le Daily-Bul]]> Ouvrage imprimé]]>