À partir de la revue Daily-Bul n° 10 intitulée Essai d’analyse stéthoscopique du Continent belge (1964), le visiteur voyage entre des pages agrandies de la revue (2,50 m x 1,50 m) et est guidé par des tablettes numériques qui lui permettent de parcourir les étendues du Continent belge, du Manneken-Pis à l’anatomie de la frite en passant par des représentations congrues et incongrues de la Belgique et de la famille royale…
Au gré des textes et des oeuvres de Pierre Alechinsky, Pol Bury, André Balthazar, Michel Seuphor, Gabriel et Marcel Piqueray, Ernest Pirotte, Achille Campenaire, Lourdes Castro, Robert Filliou, Jan Voss, Gianni Bertini, Christian Dotremont, Jean Raine, Maurice Henry, Daniel Spoerri, Gaston Chaissac, François Dufrêne, Noël Arnaud, Lise Prunel, André Martel, Reinhoud, François Caradec, Pierre Restany, Gilbert Thuriaux… mais aussi Apollinaire et Hugo ! Le tout émaillé de slogans bul, disposés çà et là, tels « Sois Belge et tais-toi », « Soyez Belge envers les animaux »…
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Lors du Vernissage, l'ensemble vocal C'est des Canailles s'est emparé de la scène quelques instants afin de livrer un concert un brin impertinent.
Tout va très bien
Le cortège d'Apollinaire
Un film réaliste
Un autre film réaliste
Procession
Ruines fumantes
Structures
Irène
Monk
Basse lice
Les demeures du sommeil
Trulli
Pedralba
Une grande tragedienne
Autrefois
Serrant son souffle
une fôret de biches
se presse au battant des gibecières.
De mots communs nourrissant ses vers, elle nomme ce que trop souvent nous ne voyons plus, l'habitude tenant lieu de vision ; elle sucite ce que la paresse citadine de notre oeil estompe et perd. Elle s'engage dans les chemins de la poésie moderne qui, les mirages et la parole religieuse désormais évanouis, recrée à hauteur d'homme le monde naturel.
Cette litanie évoquant un univers public et si intime à la fois souffre par moment d'un déséquilibre précieux dans la métaphore, qui permet des obscurités vaines. Parfois aussi elle sacrifie aux allusions mystiques désuètes (certains passages de Naissance du cerf). Nous nous éloignons alors des éclairements que la poésie métaphysique d'Yves Bonnefoy par exemple projette sur les mondes intérieurs. Pourrait-on cependant rester insensible à la chanson de l'amour qui détaille une cosmogogie ?
Ayant séparé l'illusion de sa pelure
je descends du train
j'ôte mes souliers
je marche trois pas dans la mer
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Je croyais presque à l'éternité des mouettes.
Naissance sans doute, création assurément, mais humaine, sensible, amoureuse. Et celle-là n'est-elle pas seule valable dans le silence des dieux retombés à la poussière?
J. Noiret
Ernest Pirotte
Extrait de : Petit Panthéon national et illustré des auteurs
Daily-Bul, n°10, mai 1964.