livret édité à l'occasion d'une exposition par la galerie de Prêt d'Oeuvres d'Art]]> On croyait tout savoir sur « l’inventeur » de COBRA et des LOGOGRAMMES, après les récits biographiques qui lui ont été consacrés. Pour expliquer sa démarche artistique, il est cependant un aspect de sa vie semi-aventureuse qui n’a pas été suffisamment mis en valeur. Il s’agit de ses fréquents voyages dans les pays nordiques, où il allait se ressourcer. Omniprésentes dans ses écrits poétiques et sa correspondance, la glace et la neige sont les éléments qui lui permettent d’assouvir sa quête de l’absolu, son besoin instinctif de liberté.

Pour Christian Dotremont, pas de différence entre la page blanche et l’immensité des étendues enneigées : il y inscrit ses textes, à l’écriture spontanée.
Une recherche dans son œuvre a permis à Françoise Mortier, directeur artistique de la GPOA et commissaire de l’exposition, de recenser à ce jour une cinquantaine de logogrammes où apparaît le mot NEIGE, dont une vingtaine seront exposés à la GPOA.
C’est au cours de son 10ème voyage lapon en 1976 qu’il trace des « LOGONEIGES » et « LOGOGLACES » photographiés par Caroline Ghyselen, qui l’accompagnait.
Rarement montrés, ces travaux éphémères, édités à cette occasion par la GPOA en tirage de prestige limité, sont la preuve de la verve intarissable de ce poète de la langue et de l’écriture.
L’exposition « Mémoire de neige - Christian Dotremont » constitue le plus bel hommage qui peut-être rendu à l’artiste, qui contre vents et maladies, a consacré sa vie à la recherche d’un style original.

Jacques De Maet]]>
Dotremont, Christian]]> Editions Tandem]]> Mortier, Françoise]]> Ghyselen, Caroline]]> Ouvrage imprimé]]>
Livre édité pour l'expositions "Logogrammes" à la Galerie de France en novembre 1978]]>
Peintre et écrivain belge de langue française, membre du groupe surréaliste belge, cofondateur du mouvement COBRA ( 1948-1951), il fut l’un de ses principaux théoriciens et le rédacteur en chef de la revue. Marqué par un voyage en Laponie (1956), il se lança dans une recherche à la fois graphique et poétique, ou le Logogramme, né du pinceau sur la feuille blanche comme la trace du traîneau sur la neige, compose des empreintes à la recherche d’une forme.

Logogrammes . Il s’agit de tracer, dans l’espace blanc et à l’aide de l’encre de chine la plus noire, des signes mimant une écriture cursive inconnue. Tantôt le graphisme massif est seul, tantôt il voisine avec des reprises textuelles, de la même main, et en minuscules. Par cette technique, Dotremont « saisit la nature matérielle de l’acte d’écrire, devine le rôle initiateur de la main où le poids du corps au travail se porte jusqu’à la pointe de la plume » (Joseph Noiret).

le geste producteur et l’écriture formalisée s’offrent ainsi simultanément pour faire sens, pour restituer l’impulsion créatrice, dire l’immédiateté du poème, évacuer toute anecdote – la page de logogramme, c’est le paysage Lapon poussé a son extrême abstraction-, et en définitive pousser le langage vers son propre évanouissement. Mais cette technique permet une variété infinie de modes d’exécution, comme le montre la grande somme qu’est le Logbook (1974), séquence de Logogrammes narratifs mimant un voyage initiatique dont le personnage est Logogus. Fidèle à son nouveau mode d’expression, l’auteur le restera jusqu’à la fin, avec J’écris donc je crée (1978) et surtout Logbookletter. Ce livre où l’on retrouve Logogus, en Irlande cette fois, coupé de tout, aux prises avec lui- même et avec l’absolu, paraît l’année même de la mort foudroyante de Dotremont.

Par-delà la variété thématique – le vent, la marche, le voyage, la noirceur – se manifeste en effet une hantise : celle de la perte et de l’anéantissement. On la retrouve dans le caractère circulaire de toute avancée, dans la dialectique de la blancheur et la noirceur, dans celle de l’ici et de l’ailleurs, dans la confusion rageuse du toi et du moi qu’est l’amour. L’unité est aussi dans la forme : nombre de techniques familières à Dotremont – comme l’exclamation, la ligne brève et le halètement, souvent ponctué par le tiret, et bien évidemment par le Logogramme - signifient chacune à leur manière, la corporéité essentielle du langage et de l’expérience.

Lionel André]]>
Dotremont, Christian]]> UBACS]]> Noiret, Joseph]]> Margat, Claude]]> Ouvrage imprimé]]>