Les vacances d'un enfant
Titre
Les vacances d'un enfant
Créateur
Contributeur
Éditeur
Date
1980
Format
15 X 21 cm.
Langue
fr
Type
Support
253 p.
Identifiant
SCU-V-0 000 069
Résumé
Écrit entre 1939 et 1942, époque pendant laquelle l'auteur, fuyant l'invasion allemande, se réfugia à Paris, puis dans le Midi, ce roman, qui se déroule en Belgique pendant la Première Guerre mondiale - mais une guerre lointaine -, est imprégné par la nostalgie aiguë de paysages aimés.
Par un matin d'été, Palmer Choltès et sa mère partent en vacances chez la tante Damire. L'enfant y retrouve un groupe de domestiques avec lesquels il entretient des relations d'affectivité jalouse: Prudence, la cuisinière, le sot Neri, Tanta, le trimardeur, substitut du père, et Florine, la gouvernante, amoureuse de Tanta, lequel malheureusement n'a d'yeux que pour Antonine (chap. 1). Ivre des spectacles de la nature, Palmer laisse vagabonder son imagination: rêveries sur le soleil, les insectes, les notaires, entrecoupées de références à la bande dessinée (2). Un déluge s'abat sur le pays; Antonine s'éclipse, comme d'habitude, devant Tanta qui la poursuit. Palmer constate que l'amour a rendu son compagnon indisponible. Arrive la couturière unijambiste Mazanque; elle s'attache à exorciser les peurs de l'enfant insufflées par Florine, qui lui a fait croire à l'existence de deux monstres. Cela nous vaut une promenade nocturne et hallucinée de la cave au grenier (3). Arrivent à leur tour les frères Villa dont l'apparence tient du paysan parvenu et du roi africain. Le plus jeune, très pervers, fait de l'humour noir. Une journée se passe chez l'instituteur Coronice de Tramasure qui possède un observatoire d'où l'on peut détailler le pays (4). Les réflexions acides de sa mère, qui l'a obligé à l'accompagner en ville pour l'achat d'un pardessus, plongent Palmer dans une crise mélancolique, ponctuée par une obsession: "Florine va mourir." Après le supplice grotesque de l'essayage, il sera consolé par Adonis, le propriétaire de la Compagnie des Indes, dont le magasin est vide à cause de la guerre, mais dont la tête est pleine d'histoires. Palmer assiste à des combats de boxe nocturnes, entrecoupés d'histoires de chasse africaines et d'épisodes de sorcellerie. Sur le chemin du retour, Tanta constate la présence d'un homme chez Antonine. Le lendemain, on trouve un cadavre dans le grenier: ce n'est pas celui de Florine, mais de son frère Vincent, victime de ses mauvaises fréquentations. Puis Palmer apprend que Tanta, ulcéré par son échec amoureux, est parti sans espoir de retour: dans une crise de larmes, il prend conscience que tous ces gens qu'il aime devront mourir un jour (5-7).
On trouve dans ce récit, d'une densité remarquable, tous les registres de l'inspiration surréaliste chère à l'auteur. Contre la platitude bourgeoise de sa mère obsédée par les problèmes d'héritage, Palmer prend, d'instinct, "l'usage ou le parti des classes possédées". Non sans que l'érotisme y soit pour quelque chose, un érotisme occasionnel sans doute, comme il sied à cet âge, mais pleinement vécu, plus vibrant que chez les adultes. Ainsi lorsque l'enfant, à "rebrousse-chair", sent la croupe de Florine après le creux des reins, un éclair de plaisir presque douloureux le raidit. Ce genre de jeu pourtant n'est qu'une facette d'un imaginaire qui se nourrit de tous les objets, y compris les moins notables, comme les insectes par exemple: "Il enviait leurs ailes, leur corps réduit à l'essentiel, il eût aimé jouir de la science exquise, des sens subtils, qu'il attribuait à ces vies condensées." Dans le même esprit, voici la "collection des oiseaux morts en face de la clownerie des vivants", tandis que l'enfant nous décrit les notaires comme des "géants aux épaules en coussins, au ventre profond d'armoire dont, les battants du gilet ouverts, il sort des parchemins à ganses". L'humour plus ou moins blasphématoire n'est pas non plus absent: "Je doute de toi, mon Rien, qui ratas le ciel et la terre", s'exclame Coronice de Tramasure, maître dans les exercices de désarticulation du langage. Autre "locomotive verbale", la cuisinière Prudence dont le parler populaire possède à la fois force et saveur: "Ce n'est pas dans mon ventre que votre estomac crie", lance-t-elle à Palmer. L'utilisation savante de ce parler propre n'est pas sans évoquer Raymond Queneau, bien qu'il ne puisse être fait état d'une influence. La force de Louis Scutenaire est de nous présenter, autour d'un enfant à la fois émerveillé et acerbe, une galerie de personnages typés et originaux, tel le trimardeur Tanta, qui s'enfonce dans une passion sans issue comme si le malheur lui collait à la peau, et dont le mutisme même a un sens.
Par un matin d'été, Palmer Choltès et sa mère partent en vacances chez la tante Damire. L'enfant y retrouve un groupe de domestiques avec lesquels il entretient des relations d'affectivité jalouse: Prudence, la cuisinière, le sot Neri, Tanta, le trimardeur, substitut du père, et Florine, la gouvernante, amoureuse de Tanta, lequel malheureusement n'a d'yeux que pour Antonine (chap. 1). Ivre des spectacles de la nature, Palmer laisse vagabonder son imagination: rêveries sur le soleil, les insectes, les notaires, entrecoupées de références à la bande dessinée (2). Un déluge s'abat sur le pays; Antonine s'éclipse, comme d'habitude, devant Tanta qui la poursuit. Palmer constate que l'amour a rendu son compagnon indisponible. Arrive la couturière unijambiste Mazanque; elle s'attache à exorciser les peurs de l'enfant insufflées par Florine, qui lui a fait croire à l'existence de deux monstres. Cela nous vaut une promenade nocturne et hallucinée de la cave au grenier (3). Arrivent à leur tour les frères Villa dont l'apparence tient du paysan parvenu et du roi africain. Le plus jeune, très pervers, fait de l'humour noir. Une journée se passe chez l'instituteur Coronice de Tramasure qui possède un observatoire d'où l'on peut détailler le pays (4). Les réflexions acides de sa mère, qui l'a obligé à l'accompagner en ville pour l'achat d'un pardessus, plongent Palmer dans une crise mélancolique, ponctuée par une obsession: "Florine va mourir." Après le supplice grotesque de l'essayage, il sera consolé par Adonis, le propriétaire de la Compagnie des Indes, dont le magasin est vide à cause de la guerre, mais dont la tête est pleine d'histoires. Palmer assiste à des combats de boxe nocturnes, entrecoupés d'histoires de chasse africaines et d'épisodes de sorcellerie. Sur le chemin du retour, Tanta constate la présence d'un homme chez Antonine. Le lendemain, on trouve un cadavre dans le grenier: ce n'est pas celui de Florine, mais de son frère Vincent, victime de ses mauvaises fréquentations. Puis Palmer apprend que Tanta, ulcéré par son échec amoureux, est parti sans espoir de retour: dans une crise de larmes, il prend conscience que tous ces gens qu'il aime devront mourir un jour (5-7).
On trouve dans ce récit, d'une densité remarquable, tous les registres de l'inspiration surréaliste chère à l'auteur. Contre la platitude bourgeoise de sa mère obsédée par les problèmes d'héritage, Palmer prend, d'instinct, "l'usage ou le parti des classes possédées". Non sans que l'érotisme y soit pour quelque chose, un érotisme occasionnel sans doute, comme il sied à cet âge, mais pleinement vécu, plus vibrant que chez les adultes. Ainsi lorsque l'enfant, à "rebrousse-chair", sent la croupe de Florine après le creux des reins, un éclair de plaisir presque douloureux le raidit. Ce genre de jeu pourtant n'est qu'une facette d'un imaginaire qui se nourrit de tous les objets, y compris les moins notables, comme les insectes par exemple: "Il enviait leurs ailes, leur corps réduit à l'essentiel, il eût aimé jouir de la science exquise, des sens subtils, qu'il attribuait à ces vies condensées." Dans le même esprit, voici la "collection des oiseaux morts en face de la clownerie des vivants", tandis que l'enfant nous décrit les notaires comme des "géants aux épaules en coussins, au ventre profond d'armoire dont, les battants du gilet ouverts, il sort des parchemins à ganses". L'humour plus ou moins blasphématoire n'est pas non plus absent: "Je doute de toi, mon Rien, qui ratas le ciel et la terre", s'exclame Coronice de Tramasure, maître dans les exercices de désarticulation du langage. Autre "locomotive verbale", la cuisinière Prudence dont le parler populaire possède à la fois force et saveur: "Ce n'est pas dans mon ventre que votre estomac crie", lance-t-elle à Palmer. L'utilisation savante de ce parler propre n'est pas sans évoquer Raymond Queneau, bien qu'il ne puisse être fait état d'une influence. La force de Louis Scutenaire est de nous présenter, autour d'un enfant à la fois émerveillé et acerbe, une galerie de personnages typés et originaux, tel le trimardeur Tanta, qui s'enfonce dans une passion sans issue comme si le malheur lui collait à la peau, et dont le mutisme même a un sens.
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Scutenaire, Louis, “Les vacances d'un enfant,” Centre Daily-Bul & C° - Archives, consulté le 22 décembre 2024, http://dailybul.be/archibul/items/show/1201.