Le cavalier de la Monalena

Titre

Le cavalier de la Monalena

Date

2002

Description

Dédicace de l'auteur à Pierre Puttemans

Format

12 x 19 cm

Langue

fr

Support

145 p.

Identifiant

FPPB-BOS-C-0 000 763

Résumé

L'histoire est une rêverie

Antonio Marraccini arrive à la Monalena, à Frosini près de Sienne, à la fin août 1441. Il revient de Bruges où il s'occupe des affaires des Spannocchi et, comme il le pressentait, un sentiment ampli­fié par le silence du village sur son passage, la Monalena est vide de toute vie. Certes, Anto­nio le sait, la mère est morte depuis quelques temps et Ornella, sa jeune sœur, n'a plus donné de nouvelles depuis son mariage ; Fabrizio, son jumeau, est fresquiste et il se dé­place de chantier en chantier, au gré des commandes, mais à la Monalena il n'y a plus nulle trace du père, Giovanni, et plus rien de ses notes, grimoires et carnets qu'il rédigeait patiemment, à longueur de nuit. Car Gio­vanni était de ces esprits éclairés, aux portes de la Renaissance, qui ne croyait pas en Dieu et s'interrogeait sur l'énigme de la vie et la va­leur de la création ; curieux de tout, il était fasciné par l'eau et s'était spécialisé en captages et autres travaux hydrauliques, réalisant irrigations, fontaines et jets d'eau pour le comte Gherardeschi au château de Frosini. Antonio recherchera vainement les carnets de son père ; il ne saura jamais non plus comment il a fini : sans doute est-il mort parmi les anonymes à l'Ospedale de Sienne et a-t-il été enterré dans la fosse commune. Ses retrouvailles avec Fabrizio ne l'aideront pas dans ses recherches mais elles permet­tront de lui donner de l'huile et de lui transmettre ce secret de la peinture telle qu'on la pratique alors à Bruges. Fabrizio commencera un autoportrait et imaginera de faire le voyage pour découvrir la lumière du nord et cette liberté des artistes qui s'af­franchissent des commandes de l'Eglise. B., l'actuel propriétaire de la Monalena, a re­trouvé aux archives de Sienne les carnets d'Antonio et de Fabrizio et une copie partielle de leur correspondance. Il imagine et recompose la vie ancienne de la maison. Mais est-ce par hasard ou par intuition qu'il a trouvé ces notes ? Et les documents sont-ils authen­tiques ? Il y a, comme le confiait Giovanni à ses enfants en contemplant le ciel étoilé, des choses que personne ne sait, pas encore... Bosquet de Thoran emmène son lecteur dans un cadre enchanteur, au sein d'une fa­mille où l'on est, à la fois, poète, peintre, ingénieur, musicien, contemplatif pour s'émerveiller, curieux pour s'interroger et philosophe pour apporter sa contribution à l'énigme impossible à dévoiler de la vie et de la création. Antonio, sur son cheval blanc, traverse l'Europe, passe sobrement dans le paysage toscan et laisse juste ce qu'il faut de notes pour alimenter la fiction et que l'histoire se transforme en une rêverie ouverte aux spéculations.

D'une certaine manière, Sous la lune aux toits d'ardoise nous entretient des mêmes thèmes mais sous forme poétique cette fois ; il n'y a plus le couvert de la fiction et l'auteur s'avance seul pour livrer de manière brute ses tourments et ses remarques. C'est bien une voix intérieure qui parle en direct mais on re­trouve pourtant le même monde, avec des lu­mières qu'on devine toscanes et certains échos du Palio de Sienne. Il y a aussi cette écriture qui file de mot en mot dans son double sens d'échapper de soi et de préparer le tis­sage d'une histoire qui laissera des traces, cette forme d'inconnue qu'est la vie, avec son lot de surprises, les mots tour à tour me guident et m’égarent. Bosquet de Thoran s'interroge sur le temps, il semble en accord avec lui, avec son passage et ses tours sur lui-même comme font les chemins sur les collines, mais il vacille lorsqu'il entrevoit les gouffres vertigineux que sont la mémoire et l'oubli, le futur et la fin inéluctable. Il y a une envie de nuit complice mais aussi un désir de jour comme une nouvelle promesse, il y a à régler le problème du sommeil avec sa part de rêve, cette autre version du réel. Dans cette recherche d'un espace, dans cette longue hésita­tion entre clarté et ténèbres, le poète finit par ne plus savoir où il est, sinon entre chien et loup... Pourtant, ce qui pourrait passer pour un constat d'échec devient le modèle d'une pensée — d'une écriture, d'une réflexion — qui serait comme le vent, d'origine incertaine et de fin ignorée, de passage seulement, reconnaissable mais indéfinissable. Et qui ini­tierait un désir de voler à l'instar de la lu­mière qui, sans cesse, traverse l'air muet. Bosquet de Thoran fascine par sa capacité à entremêler innocence, légèreté et rigueur, il passionne en nous emmenant au cœur de nous-mêmes.

Jack Keguenne

ISBN

2-87678-797-0

Dépôt légal

novembre 2002

Citer ce document

Bosquet de Thoran, Alain, “Le cavalier de la Monalena,” Centre Daily-Bul & C° - Archives, consulté le 22 décembre 2024, http://dailybul.be/archibul/items/show/1589.

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