Le concile d'amour
Titre
Le concile d'amour
Créateur
Contributeur
Éditeur
Date
1964
Description
Préface de André Breton
Livre signé à Bruxelles en janvier 1965. Signature non-identifiable
Livre signé à Bruxelles en janvier 1965. Signature non-identifiable
Format
9 X 18 cm
Langue
fr
Type
Support
1964
Identifiant
FPPB-PAN-C-0 000 695
Résumé
Le Concile d'amour
Oscar Panizza
Inutile de tergiverser, de préparer doucement les paroissien(ne)s à leur châtiment, de croire atténuer la sentence en la reportant, plutôt le dire tout net : Le Concile d'amour, de l'auteur allemand Oscar Panizza, rapporte comment, et pourquoi, "Dieu" a envoyé la syphilis à l'humanité. Brutalement. Sans pitié.
Écrite en 1895, cette pièce de théâtre en cinq actes déploie ses débats et ses ébats respectivement au Paradis et dans les appartements du pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia), quatre siècles plus tôt exactement. L'époque était propice aux sarcasmes de l'ancien médecin Panizza : c'est à la fin du XVème siècle que s'est développée la syphilis, en frappant tous les milieux. Bien sûr, pour cet homme éduqué dans le luthérianisme, la cléricanaille romaine catholique occupe la première cible.
Pamphlet jubilatoire, radical, infiniment sarcastique, le Concile d'amour est un concile de haine de l'espèce humaine, coupable d'aspiration au plaisir et à la liberté. Le catholicisme, sa mythologie et sa hiérarchie succombent sous le ridicule : Dieu est un vieillard fatigué, plus vraiment tout puissant, Jésus, fortement affaibli par sa crucifixion, est un être périmé qui ne peut que marmonner et gémir, Marie est plus alerte, et, surtout, le Diable apparaît le plus vif, le plus efficace, le plus apte à agir. Car l'action à mener requiert des compétences sinon divines, du moins diaboliques : devant la lubricité des hommes, comme des femmes, lubricité qui frappe jusqu'au cœur du Vatican et de la descendance papale, l'humanité doit être frappée sans faiblesse. Toutefois, comme il convient d'éviter l'extermination (pour cause de rachat toujours possible de son âme ; Dieu devient inutile sans sa pitance), le choix du Diable effectue la jonction avec l'Histoire : l'inoculation de la syphilis à l'humanité. La sainte Trinité s'empresse avec enthousiasme d'approuver le projet démoniaque qui instaure un mal au pouvoir destructeur progressif et au mode de diffusion opportun.
Plus d'un siècle après son écriture, et les tourments d'un procès qui valu un an de prison à son auteur, Le Concile d'amour conserve un pouvoir de subversion intact. Il ne fait pas de doute que ce texte insuffisamment connu, s'il venait à être monté sur les planches, attirerait la rage dogmatique de catholiques archaïques, extrême droite en tête, avides d'incantations et de sentences. Mais l'auteur n'eut pas le loisir, et ce n'est peut-être pas sans rapport, de connaître une fin de vie paisible puisqu'il finit interné selon sa volonté dans un hôpital psychiatrique. Publié par Jean-Jacques Pauvert en 1964, avec une préface d'André Breton, Le Concile d'Amour est suivi d'une postface de Jean Bréjoux à ne pas négliger, de la défense de Panizza donnée à son procès et de son autobiographie étonnante qui vaut son pesant de neuroleptiques.
Deux ans avant la parution du Concile d'amour, Oscar Panizza avait produit un autre délice d'hilarité, L'immaculée conception des papes. Une lecture en avait été donnée sur France Culture il y a une dizaine d'années.
Toutefois, la condamnation de Panizza par le tribunal de Munich ne doit pas occulter la généralité, on pourrait dire l'œcuménisme, de son propos. L'attribution à la volonté divine de la survenance d'un cataclysme ou d'une maladie dévastatrice n'est pas manœuvre de mécréant car des gourous de toutes les sectes y ont eu recours :
- l'Ancien Testament regorge de cataclysmes et de massacres décidés par "Dieu" afin de châtier l'espèce humaine pour son impiété ;
- le rabbin Ovadia Yossef estimait en 2000 que les juifs victimes de la barbarie nazie ont été châtiés pour leurs péchés ;
- Hani Ramadan, dans son article abject La charia incomprise (Le Monde, 10 septembre 2002), suggérait que le virus du SIDA a été créé par "Dieu" pour punir les personnes "qui ont un comportement déviant" ;
- en 2005, pour le directeur du centre de recherches du ministère koweïtien des Affaires religieuses Mohammed Youssef al-Malaifi, le cyclone Katrina qui a dévasté la Louisiane représentait le châtiment d'Allah contre les états-uniens impies ;
- des responsables musulmans du Sri Lanka ont vu la main vengeresse de leur dieu imaginaire dans le tsunami qui a ravagé une partie de l'Asie du Sud-Est en décembre 2004
Oscar Panizza
Inutile de tergiverser, de préparer doucement les paroissien(ne)s à leur châtiment, de croire atténuer la sentence en la reportant, plutôt le dire tout net : Le Concile d'amour, de l'auteur allemand Oscar Panizza, rapporte comment, et pourquoi, "Dieu" a envoyé la syphilis à l'humanité. Brutalement. Sans pitié.
Écrite en 1895, cette pièce de théâtre en cinq actes déploie ses débats et ses ébats respectivement au Paradis et dans les appartements du pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia), quatre siècles plus tôt exactement. L'époque était propice aux sarcasmes de l'ancien médecin Panizza : c'est à la fin du XVème siècle que s'est développée la syphilis, en frappant tous les milieux. Bien sûr, pour cet homme éduqué dans le luthérianisme, la cléricanaille romaine catholique occupe la première cible.
Pamphlet jubilatoire, radical, infiniment sarcastique, le Concile d'amour est un concile de haine de l'espèce humaine, coupable d'aspiration au plaisir et à la liberté. Le catholicisme, sa mythologie et sa hiérarchie succombent sous le ridicule : Dieu est un vieillard fatigué, plus vraiment tout puissant, Jésus, fortement affaibli par sa crucifixion, est un être périmé qui ne peut que marmonner et gémir, Marie est plus alerte, et, surtout, le Diable apparaît le plus vif, le plus efficace, le plus apte à agir. Car l'action à mener requiert des compétences sinon divines, du moins diaboliques : devant la lubricité des hommes, comme des femmes, lubricité qui frappe jusqu'au cœur du Vatican et de la descendance papale, l'humanité doit être frappée sans faiblesse. Toutefois, comme il convient d'éviter l'extermination (pour cause de rachat toujours possible de son âme ; Dieu devient inutile sans sa pitance), le choix du Diable effectue la jonction avec l'Histoire : l'inoculation de la syphilis à l'humanité. La sainte Trinité s'empresse avec enthousiasme d'approuver le projet démoniaque qui instaure un mal au pouvoir destructeur progressif et au mode de diffusion opportun.
Plus d'un siècle après son écriture, et les tourments d'un procès qui valu un an de prison à son auteur, Le Concile d'amour conserve un pouvoir de subversion intact. Il ne fait pas de doute que ce texte insuffisamment connu, s'il venait à être monté sur les planches, attirerait la rage dogmatique de catholiques archaïques, extrême droite en tête, avides d'incantations et de sentences. Mais l'auteur n'eut pas le loisir, et ce n'est peut-être pas sans rapport, de connaître une fin de vie paisible puisqu'il finit interné selon sa volonté dans un hôpital psychiatrique. Publié par Jean-Jacques Pauvert en 1964, avec une préface d'André Breton, Le Concile d'Amour est suivi d'une postface de Jean Bréjoux à ne pas négliger, de la défense de Panizza donnée à son procès et de son autobiographie étonnante qui vaut son pesant de neuroleptiques.
Deux ans avant la parution du Concile d'amour, Oscar Panizza avait produit un autre délice d'hilarité, L'immaculée conception des papes. Une lecture en avait été donnée sur France Culture il y a une dizaine d'années.
Toutefois, la condamnation de Panizza par le tribunal de Munich ne doit pas occulter la généralité, on pourrait dire l'œcuménisme, de son propos. L'attribution à la volonté divine de la survenance d'un cataclysme ou d'une maladie dévastatrice n'est pas manœuvre de mécréant car des gourous de toutes les sectes y ont eu recours :
- l'Ancien Testament regorge de cataclysmes et de massacres décidés par "Dieu" afin de châtier l'espèce humaine pour son impiété ;
- le rabbin Ovadia Yossef estimait en 2000 que les juifs victimes de la barbarie nazie ont été châtiés pour leurs péchés ;
- Hani Ramadan, dans son article abject La charia incomprise (Le Monde, 10 septembre 2002), suggérait que le virus du SIDA a été créé par "Dieu" pour punir les personnes "qui ont un comportement déviant" ;
- en 2005, pour le directeur du centre de recherches du ministère koweïtien des Affaires religieuses Mohammed Youssef al-Malaifi, le cyclone Katrina qui a dévasté la Louisiane représentait le châtiment d'Allah contre les états-uniens impies ;
- des responsables musulmans du Sri Lanka ont vu la main vengeresse de leur dieu imaginaire dans le tsunami qui a ravagé une partie de l'Asie du Sud-Est en décembre 2004
Collection
Citer ce document
Panizza, Oskar, “Le concile d'amour,” Centre Daily-Bul & C° - Archives, consulté le 22 décembre 2024, http://dailybul.be/archibul/items/show/2174.