Grains et issues
Titre
Grains et issues
Créateur
Éditeur
Date
1981
Description
Chronologie, introduction, bibliographie, dossier, notes par Henri Béhar.
En couverture : illustration de Miro pour l'Anti-tête de Tristan Tzara
En couverture : illustration de Miro pour l'Anti-tête de Tristan Tzara
Format
11 X 18 cm
Langue
fr
Type
Support
306 p.
Identifiant
FPPB-TZA-G-0 001 874
Résumé
L'homme dans son temps et dans son œuvre
Grains et issues (1935) met le point final à l'activité surréaliste de Tzara et fait un peu le bilan de ses personnelles recherches : les textes, de vers et de proses oniriques mêlés, sont suivis de notes techniques et théoriques abondantes. Il rejoint Aragon et les transfuges du groupe surréaliste, met ses « doutes à l'écart » et milite dans les organisations d'intellectuels inspirées par le Parti communiste, contre le fascisme, pour la défense de l'Espagne républicaine. Midis gagnés (1939) rassemble les poèmes de cette époque. Membre du Parti communiste (officiellement) en 1947, année de sa naturalisation, il s'efforce de maintenir une certaine indépendance vis-à-vis des thèses jdanoviennes du « réalisme socialiste » (De mémoire d'homme, 1950 ; La Face intérieure, 1953) ; ses poèmes de la guerre d'Espagne et de la Résistance échappent souvent aux poncifs du genre. Le doute, qui fut la lumière de Dada, reprend peut-être en lui ses pouvoirs de démystification : il s'éloigne discrètement de la vie militante, puis signifie son désaccord lors de la répression en Hongrie (1956). C'est un sage qui meurt le 24 décembre 1963 : ce perturbateur né, cet homme de tumulte et de scandale s'est réfugié dans les recherches érudites et l'archivage des milliers de documents, soigneusement conservés, de l'époque dada. Si l'on peut parler de continuité dans les préoccupations de Tzara, dans son interrogation du langage et son effort en vue de redéfinir les rapports de la vie sociale et de la poésie, on doit noter que cette continuité contient d'abord une fidélité inébranlable à Dada, les textes dada inclus dans les recueils de sa période surréaliste le prouvent ; pour lui, la vague surréaliste n'a pas recouvert Dada tout à fait et à jamais ; assurément, Dada resurgit sans cesse de l'écume. De toutes les « écoles » qui ont visé depuis le début du XXe siècle à renouveler notre sensibilité, Dada – et au vrai Tzara dans sa personnalité irréductible – est celle qui a laissé les traces les plus profondes sur l'art et la littérature actuels. Par la prépondérance conférée à l'objet, par sa réhabilitation de l'affiche et du slogan publicitaire comme des déchets de la vie quotidienne, par la poésie phonétique, par la désarticulation du langage, par ses jeux typographiques, par ses innovations dramatiques, on le reconnaît, certes morcelé, dans les œuvres les plus diverses : nouveau roman, néo-réalisme, pop art, happening, lettrisme, théâtre, musique. L'esprit dada, si brillamment illustré par Tzara, est mort. Il reste ses techniques et, grâce à elles, une part de son potentiel de régénérescence perpétuelle et toujours éphémère dans l'infinie et grouillante putréfaction de nos univers.
Grains et issues (1935) met le point final à l'activité surréaliste de Tzara et fait un peu le bilan de ses personnelles recherches : les textes, de vers et de proses oniriques mêlés, sont suivis de notes techniques et théoriques abondantes. Il rejoint Aragon et les transfuges du groupe surréaliste, met ses « doutes à l'écart » et milite dans les organisations d'intellectuels inspirées par le Parti communiste, contre le fascisme, pour la défense de l'Espagne républicaine. Midis gagnés (1939) rassemble les poèmes de cette époque. Membre du Parti communiste (officiellement) en 1947, année de sa naturalisation, il s'efforce de maintenir une certaine indépendance vis-à-vis des thèses jdanoviennes du « réalisme socialiste » (De mémoire d'homme, 1950 ; La Face intérieure, 1953) ; ses poèmes de la guerre d'Espagne et de la Résistance échappent souvent aux poncifs du genre. Le doute, qui fut la lumière de Dada, reprend peut-être en lui ses pouvoirs de démystification : il s'éloigne discrètement de la vie militante, puis signifie son désaccord lors de la répression en Hongrie (1956). C'est un sage qui meurt le 24 décembre 1963 : ce perturbateur né, cet homme de tumulte et de scandale s'est réfugié dans les recherches érudites et l'archivage des milliers de documents, soigneusement conservés, de l'époque dada. Si l'on peut parler de continuité dans les préoccupations de Tzara, dans son interrogation du langage et son effort en vue de redéfinir les rapports de la vie sociale et de la poésie, on doit noter que cette continuité contient d'abord une fidélité inébranlable à Dada, les textes dada inclus dans les recueils de sa période surréaliste le prouvent ; pour lui, la vague surréaliste n'a pas recouvert Dada tout à fait et à jamais ; assurément, Dada resurgit sans cesse de l'écume. De toutes les « écoles » qui ont visé depuis le début du XXe siècle à renouveler notre sensibilité, Dada – et au vrai Tzara dans sa personnalité irréductible – est celle qui a laissé les traces les plus profondes sur l'art et la littérature actuels. Par la prépondérance conférée à l'objet, par sa réhabilitation de l'affiche et du slogan publicitaire comme des déchets de la vie quotidienne, par la poésie phonétique, par la désarticulation du langage, par ses jeux typographiques, par ses innovations dramatiques, on le reconnaît, certes morcelé, dans les œuvres les plus diverses : nouveau roman, néo-réalisme, pop art, happening, lettrisme, théâtre, musique. L'esprit dada, si brillamment illustré par Tzara, est mort. Il reste ses techniques et, grâce à elles, une part de son potentiel de régénérescence perpétuelle et toujours éphémère dans l'infinie et grouillante putréfaction de nos univers.
Public visé
Fonds Pierre Puttemans
Collection de l'éditeur
N° dans la collection
N°364
Dépôt légal
2ème trim. 1981
Citer ce document
Tzara, Tristan, “Grains et issues,” Centre Daily-Bul & C° - Archives, consulté le 22 novembre 2024, http://dailybul.be/archibul/items/show/2320.