Pour une enfance inachevée...
Titre
Pour une enfance inachevée...
Créateur
Éditeur
Date
1996
Description
Dédicace de l'auteur à Luc Rémy
Format
15 X 20 cm
Langue
fr
Type
Support
105 p.
Identifiant
FLRB-HAU-E-0 000 102
Résumé
Pour une enfance inachevée...
« Cet enfant que j'étais qui donc me le rendra ?
Que je le serre comme une brassée d'herbe dans mes bras. »
René-Guy CADOU (Hélène ou le Règne végétal)
Né quelques années à peine avant le début de « la drôle de guerre », Claude Haumont passa le plus clair de son enfance et de son adolescence dans le Borinage et le pays de Charleroi. Entre 1955 et 1961 (soit de dix-neuf à vingt-cinq ans), il suivit en quelque sorte cette piste, autant zen que proustienne, proposée par Jean Follain, « la moindre fêlure d'une vitre ou d'un bol peut ramener la félicité d'un grand souvenir », pour composer une vingtaine de courts textes à travers lesquels se lisent, comme en filigrane, impressions heureuses ou instants terrifiants de ses tendres années, fragments rassemblés ici sous ce titre à double sens : « De bonne heure ». À ceux-ci, entre 1993 et 1995, il se prit à en adjoindre un certain nombre d'autres (intitulés simplement « Ajouts »), l'ensemble formant la première partie de ce recueil. Voici les senteurs familières, celle du linge amidonné ou d'une infusion d'eucalyptus, le goût de la pomme sure ou des bonbons acidulés, un chat frottant son poil tiède contre des jambes nues, les baisers mouillés qu'on efface prestement de ses joues, quelque remémoration déterminante, la sombre citerne et le rouge fourneau, « un mineur, aux yeux mauresques, (qui) s'assied sur le pas de sa porte et bourre avec une attention gourmande sa vieille pipe de merisier ; sous la flamme de l'allumette, le tabac d'Obourg, noir et crépu, gonfle en grésillant dans le fourneau culotté ; alors l'enfant abandonne ses jeux pour respirer la fumée enivrante ; des anneaux gris-bleu montent parfois dans l'air tiède et léger qui les déforme à peine, mais savamment ». Voilà l'horreur de la guerre et ses images gravées, « une vieille femme sans visage (qui) se jette en hurlant dans les bras d'un parachutiste allemand, en l'appelant « gendarme », au milieu des balles traçantes et des moissons de feu». Une seconde partie (« De l'autre côté de l'eau ») rassemble d'autres proses brèves, de dates diverses, dédiées par l'auteur à la mémoire de son défunt père, Hector Haumont, ingénieur des mines et néanmoins poète. Elle s'ouvre sur deux aimables textes de ce dernier, précédés de cette phrase de Wystan Hugh Auden : « La fêlure dans la tasse de thé est un chemin qui mène au pays des morts. » En exergue de cette vingtaine d'autres exercices mnémoniques, la célèbre phrase de Murnau (dans Nosferatu le vampire), « Quand il fut de l'autre côté du pont, les fantômes vinrent à sa rencontre », ne laisse point de doute quant au tour plus grave que vont prendre les lignes qu'on va lire. Et la Camarde omniprésente, s'y rit d'ailleurs de bon cœur de nos fragiles destins...
André Stas
« Cet enfant que j'étais qui donc me le rendra ?
Que je le serre comme une brassée d'herbe dans mes bras. »
René-Guy CADOU (Hélène ou le Règne végétal)
Né quelques années à peine avant le début de « la drôle de guerre », Claude Haumont passa le plus clair de son enfance et de son adolescence dans le Borinage et le pays de Charleroi. Entre 1955 et 1961 (soit de dix-neuf à vingt-cinq ans), il suivit en quelque sorte cette piste, autant zen que proustienne, proposée par Jean Follain, « la moindre fêlure d'une vitre ou d'un bol peut ramener la félicité d'un grand souvenir », pour composer une vingtaine de courts textes à travers lesquels se lisent, comme en filigrane, impressions heureuses ou instants terrifiants de ses tendres années, fragments rassemblés ici sous ce titre à double sens : « De bonne heure ». À ceux-ci, entre 1993 et 1995, il se prit à en adjoindre un certain nombre d'autres (intitulés simplement « Ajouts »), l'ensemble formant la première partie de ce recueil. Voici les senteurs familières, celle du linge amidonné ou d'une infusion d'eucalyptus, le goût de la pomme sure ou des bonbons acidulés, un chat frottant son poil tiède contre des jambes nues, les baisers mouillés qu'on efface prestement de ses joues, quelque remémoration déterminante, la sombre citerne et le rouge fourneau, « un mineur, aux yeux mauresques, (qui) s'assied sur le pas de sa porte et bourre avec une attention gourmande sa vieille pipe de merisier ; sous la flamme de l'allumette, le tabac d'Obourg, noir et crépu, gonfle en grésillant dans le fourneau culotté ; alors l'enfant abandonne ses jeux pour respirer la fumée enivrante ; des anneaux gris-bleu montent parfois dans l'air tiède et léger qui les déforme à peine, mais savamment ». Voilà l'horreur de la guerre et ses images gravées, « une vieille femme sans visage (qui) se jette en hurlant dans les bras d'un parachutiste allemand, en l'appelant « gendarme », au milieu des balles traçantes et des moissons de feu». Une seconde partie (« De l'autre côté de l'eau ») rassemble d'autres proses brèves, de dates diverses, dédiées par l'auteur à la mémoire de son défunt père, Hector Haumont, ingénieur des mines et néanmoins poète. Elle s'ouvre sur deux aimables textes de ce dernier, précédés de cette phrase de Wystan Hugh Auden : « La fêlure dans la tasse de thé est un chemin qui mène au pays des morts. » En exergue de cette vingtaine d'autres exercices mnémoniques, la célèbre phrase de Murnau (dans Nosferatu le vampire), « Quand il fut de l'autre côté du pont, les fantômes vinrent à sa rencontre », ne laisse point de doute quant au tour plus grave que vont prendre les lignes qu'on va lire. Et la Camarde omniprésente, s'y rit d'ailleurs de bon cœur de nos fragiles destins...
André Stas
Collection de l'éditeur
Dépôt légal
D/1996/2292/09
Collection
Citer ce document
Haumont, Claude, “Pour une enfance inachevée...,” Centre Daily-Bul & C° - Archives, consulté le 22 novembre 2024, http://dailybul.be/archibul/items/show/2634.